Perspectives 2023 : Composer avec les sommets et les creux

Nous sommes plus optimistes à l’égard des marchés des actions et des titres à revenu fixe en 2023, car nous estimons que le creux de la vague sera bientôt chose du passé. Mais, en même temps, la probabilité d’une récession économique au Canada et aux États-Unis s’accentue. Nous nous attendons aussi à ce que l’inflation, les taux d’intérêt et l’activité économique atteignent des sommets. 

  

Cette thématique « sommet-creux » peut sembler contradictoire : un optimisme accru à l’égard des marchés boursiers dans un contexte de récession appréhendée. À notre avis, toute contraction de l’économie est plus susceptible d’être modérée que brutale. Dans le contexte de cette thématique générale, voici donc nos principales attentes pour 2023.

L’inflation et les taux d’intérêt probablement près de leur sommet

L’inflation et les anticipations inflationnistes ont opéré un important virage. Les banques centrales ont commencé l’année 2022 en insistant sur la nature temporaire de l’inflation, puis ont relevé les taux d’intérêt pour juguler l’inflation. Les hausses rapides des taux décrétées tout au long de 2022 tirent vraisemblablement à leur fin. La Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine pourraient envisager encore une ou deux autres hausses avant de marquer une pause et de laisser leur effet se faire sentir dans l’économie.

Les marchés boursiers se rapprochent peut-être d’un creux, la valorisation retrouvant son importance

En 2023, nous pensons que les investisseurs pourraient accorder plus d’attention aux écarts de valorisation observés dans toutes les catégories d’actif. Bien qu’elles ne soient pas un bon indicateur des rendements à court terme, les valorisations laissent entrevoir la possibilité d’un surclassement des actions internationales (y compris sur les marchés émergents et au Canada) comparativement aux actions américaines à moyen terme.

Les corrélations des catégories d’actif peut-être à leur sommet

Les principaux marchés boursiers et obligataires ont pris la même direction en 2022. Comme ces corrélations tendent à se désynchroniser après un certain temps, les économies suivront probablement leurs cycles de marché à des cadences différentes en 2023. À notre avis, les occasions de diversification se multiplieront en conséquence dans toutes les catégories d’actif.

Un retour à des rendements dans les titres à revenu fixe

Les difficultés vécues par les investisseurs en titres à revenu fixe en 2022 annoncent de meilleures perspectives pour les obligations en 2023. Les taux d’intérêt et les taux obligataires ayant atteint des niveaux inégalés en plus de 10 ans, nous anticipons une amélioration du profil de rendement au cours de la prochaine décennie.

Une récession n’en portant que le nom?

Les données pointent vers une récession probable aux États-Unis en 2023. Dès le milieu de 2022, nous avons commencé à percevoir les indicateurs habituels d’une récession, dont une baisse des mises en chantier, une courbe de rendement inversée et un recul en territoire négatif de l’indice des indicateurs économiques avancés du Conference Board.

Nous estimons que le risque de récession est également très élevé au Canada, ainsi que dans certains pays européens et asiatiques. Nous voyons déjà des signes de ralentissement dans l’activité manufacturière mondiale. Cette récession sera-t-elle longue et profonde? Voilà la question.

À notre avis, cette récession n’en portera que le nom. Les récessions surviennent habituellement après une période d’excès dans l’économie. Cette récession a suivi une masse monétaire excédentaire en 2020 et 2021. Cependant, comme cet excès n’existe plus et que les marchés de l’emploi nord-américains sont vigoureux, la contraction économique pourrait être plus faible.

À des fins de comparaisons historiques, rappelons que les récessions de 1970 et de 2001 ont été plus courtes et beaucoup plus faibles que la moyenne historique.

Néanmoins, nous voyons une contraction de l’activité manufacturière à l’échelle planétaire et nous commençons à en percevoir une dans la croissance des exportations en Chine et en Corée du Sud. Or, cette croissance sert habituellement de baromètre pour évaluer la croissance économique mondiale.

Si l’économie canadienne devait s’essouffler, c’est le marché immobilier qui serait le plus touché en raison de sa plus grande sensibilité à la variation des taux d’intérêt comparativement aux autres secteurs d’activité. Nous croyons toutefois que, comme chez nos voisins du Sud, la vigueur du marché de l’emploi pourrait favoriser une récession plus modérée.

Nous sommes parfaitement conscients que le marché de l’emploi est un indicateur retardé dans une récession (les pertes d’emploi surviennent habituellement à la fin d’une récession plutôt qu’au début). Cependant, nous considérons qu’un changement démographique s’est produit, le nombre d’arrivées sur le marché du travail étant inférieur au nombre de départs. Par conséquent, il est possible que le taux de chômage, qui atteint généralement un sommet en période de récession, demeure bas dans ce marché de l’emploi exceptionnellement tendu.

Une année pour mettre fin à l’incertitude

Dans l’ensemble, nous ne croyons pas que les risques de récession fassent de l’ombre aux occasions de placement sur les marchés des actions et des titres à revenu fixe en 2023, grâce à la remontée des valorisations boursières, des taux d’intérêt et des attentes de rendement en 2022. Ces trois dernières années, nous avons vécu un contexte sans précédent : pandémie mondiale, correction boursière de 2020, intervention des banques centrales, reprise, remontée des marchés, inflation et rajustement éventuel.

Nous pensons que l’année 2023 marquera la fin de l’incertitude. À notre avis, les valorisations boursières et obligataires ont déjà pris en compte l’essentiel de la récession, et les investisseurs seront récompensés par une amélioration des marchés.